Forfait travaux : attention à l’absence de preuve 

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Dans le domaine de l’immobilier, l’imposition de la plus-value immobilière soulève de nombreuses questions pour les propriétaires et les investisseurs. Un récent jugement du tribunal administratif de Pau du 15 avril 2024, n° 2201290, a éclairci des points cruciaux sur l’application du forfait travaux de 15 % en matière de plus-value immobilière. Cet article vise à expliquer les implications de cet arrêt, les conditions d’application du forfait travaux, ainsi que les précautions à prendre lors de la rédaction des actes de cession.  

 

I) Conditions d’application du forfait travaux 

 

L’impôt sur la plus-value immobilière est calculé en prenant en compte la différence entre le prix de cession et le prix d’acquisition. Ce dernier peut être majoré des dépenses liées à des travaux de construction, de reconstruction, d’agrandissement ou d’amélioration. Les propriétaires peuvent choisir de déduire ces dépenses soit sur la base de leur montant réel, soit de manière forfaitaire à hauteur de 15 % du prix d’acquisition, lorsque le bien est détenu depuis plus de cinq ans.  

Cependant, le jugement du tribunal administratif de Pau a mis en lumière un aspect fondamental : l’administration fiscale peut contester l’application du forfait de 15 % si le vendeur déclare ne pas avoir réalisé de travaux. Bien que la doctrine administrative précise qu’il n’est pas nécessaire de prouver la réalité des travaux pour bénéficier du forfait, l’affirmation d’absence de travaux par le vendeur peut entraîner la perte du droit au forfait.  

 

II) Implications du jugement du TA de Pau 

 

Le tribunal administratif de Pau a tranché en faveur de l’administration fiscale. Selon le jugement, l’absence de justificatifs de travaux ne fait pas obstacle à l’application du forfait de 15 %, mais l’affirmation du vendeur quant à l’absence de travaux suffit à empêcher cette application. Cette clarification souligne l’importance d’une rédaction minutieuse des déclarations d’acte de cession.  

 

Les praticiens du secteur immobilier se retrouvent souvent face à un dilemme : doit-on inclure une déclaration sur l’absence de travaux dans l’acte de cession ? Cette question touche non seulement à l’obligation d’information précontractuelle, mais également à la garantie des vices cachés. Les travaux nécessitant une autorisation préalable selon les règles d’urbanisme, ainsi que ceux engageant la responsabilité décennale du professionnel, peuvent avoir des conséquences juridiques significatives.  

 

Pour éviter toute ambiguïté, il est recommandé de modifier les clauses habituelles des actes de cession. Plutôt que d’affirmer simplement qu’aucun travail n’a été réalisé, le vendeur devrait préciser qu’aucun travail nécessitant une autorisation d’urbanisme ou relevant de la garantie décennale n’a été effectué. Cela permet de conserver le droit au forfait tout en respectant les obligations d’information.  

 

En conclusion, le jugement du tribunal administratif de Pau met en évidence l’importance d’une approche rigoureuse lors de la gestion des déclarations de cession immobilière. Bien que le forfait de 15 % puisse représenter un avantage fiscal considérable pour le vendeur, son application dépend directement des déclarations effectuées et des preuves fournies.  

Il est donc essentiel d’adopter une rédaction prudente et précise des actes de cession pour sécuriser les intérêts des propriétaires et des investisseurs. Les professionnels du secteur immobilier doivent s’adapter à ces nouvelles exigences afin d’optimiser les transactions immobilières et d’éviter les pièges fiscaux.   

ECP 

 

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